La femme fontaine, cette créature mystique, intrigue beaucoup. C’est un mot assez poétique pour décrire l’éjaculation féminine.
Dr Hélène Jacquemin Le Vern, gynécologue-sexologue : "C’est ce qu’on appelle en médecine l’éjaculation féminine. Au moment de l’orgasme, la femme émet une sécrétion (pas toutes les femmes et d’abondance variable) liée aux glandes de Skene proches du méat urinaire. Cela arrive chez beaucoup de femmes en quantité minime, donc cela passe inaperçu et chez d’autres en quantité abondante donc cela est visible, le lit peut être mouillé. La femme peut être gênée, car elle émet un liquide semblable à celui de l’homme ou gênée également de montrer son plaisir."
Il faut savoir qu’il existe deux types de femme fontaine : les « jaillissantes », qui éjacule sous forme de jet et qui peut avoir jusqu’à deux voire trois mètres de portée, et il y a les «ruisselantes», chez qui le liquide s’écoule du vagin telle une petite cascade.
Mais d’où vient ce liquide ?
C’est une question très intéressante à laquelle des chercheurs ont trouvé la réponse. Des études ont été portées sur des femmes. Grâce à des échographies, ils ont découvert qu’une femme ayant une vessie vide au début d’un rapport sexuel serait rempli à la fin de ce dernier. Ils ne savent pas exactement à quoi cela est dû, mais ils ont également découvert que cela était lié avec l’éjaculation féminine. En effet, lors d’une étude réalisée en 2015, Pierre Desvaux et Samuel Salama ont mis en avant l'origine du liquide de cette éjaculation féminine. Ils ont observé que le liquide provenait en fait de la vessie et qu’il possédait « la même structure chimique que les urines, à une différence près : sur cinq patientes sur sept, il y avait une substance chimique fabriquée uniquement par la prostate », décrit Pierre Desvaux.
Les femmes concernées par cette éjaculation sont compliquées à comptabiliser. Ils estiment que la proportion de femmes fontaines varie entre 6 et 40% selon les études ! Le docteur Cabello Santa Maria qui a travaillé sur ce phénomène, indique que 75 % des femmes étudiées par son équipe expulsent un liquide lors de l'orgasme. Mais la sécrétion est souvent insuffisante pour être perçue, c’est pour cela qu’il est difficile de définir le nombre de « femmes fontaines ».
Pourquoi certaines femmes peuvent arriver à l’éjaculation alors que d’autre n’ont jamais connu ceci ?
Les travaux de Pierre Desvaux et Samuel Salama ont donné lieu à un ouvrage intitulé "Femmes fontaines et éjaculation féminine : mythes, controverses et réalités ». A travers ces pages, Pierre Desvaux expliquer que « Techniquement oui, en pratique c’est très modulé par le contrôle que l’on a sur soi » et pour parvenir à l’éjaculation, le sexologue précise trois conditions : « Apprendre à lâcher prise, accepter une stimulation de la zone du point G et pousser ».
De même, toutes les femmes fontaines n'y arrivent pas seules. Parmi celles interrogées par Caroline Lesaffre-Meauxsoone : «70% y arrivent par les mains de leur partenaire, 20% avec le sexe de l’homme et 10% seules avec leurs doigts ». Au bout du compte, les deux spécialistes s'accordent à dire : si on ne parvient pas à devenir fontaine de ses propres mains, il suffit de trouver une « bonne source » pour faire venir les «grandes eaux». Un objectif, si tel était le cas, qui n'est pas inaccessible, donc.
Pour le sociologue Jacques Salomé, " Les femmes sont toutes des "femmes fontaines", à condition de rencontrer le bon "sourcier". C'est-à-dire, un homme tourné vers elles, plus attentifs au sexe de leur partenaire, qu'au leur... Nombreuses sont celles qui témoignent l'avoir découvert avec un partenaire plus sensible que leur partenaire habituel. Le phénomène ne s'étant pas manifesté auparavant avec lui, visiblement".
En revanche, il est très important de comprendre que l’éjaculation féminine ne veut pas dire que les orgasmes sont plus intenses. Les femmes qui n’ont jamais connu l’éjaculation peuvent tout à fait avoir une sexualité très épanouie sans pour autant avoir expérimenté l’éjaculation féminine.